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Marie-Jo Thiel (dir.)

Souhaitable vulnérabilité ?

Chemins d’éthique

Ouvrage faisant suite à une journée de l’École doctorale de théologie et de sciences religieuses à l’université de Strasbourg, il nous propose, outre la préface de R. Heyer, cinq interventions marquantes ayant trait à la notion de vulnérabilité. Elles en montrent les enjeux contemporains, tout en déplaçant parfois le lieu d’origine de son émergence ; ce qui fait l’enjeu le plus original de cette publication. Le premier texte, le plus intéressant de notre point de vue, est proposé par Nathalie Maillard. Elle invite à réfléchir la dimension anthropologique de la vulnérabilité pour en percevoir, avec Lévinas et Ricoeur, ses répercussions éthiques. En ce sens, elle se demande pourquoi la vulnérabilité – dimension si essentielle et naturelle de toute vie – a été si longtemps absente du questionnement éthique. À travers une relecture passionnante de la tension entre autonomie et vulnérabilité, elle insiste sur les dimensions d’état et de visée permettant d’ouvrir à une éthique du care comme soin donné à autrui, faisant de la condition vulnérable une dimension éthique centrale de l’appel et de la confiance, ouvrant à une éthique des capabilités. Vraiment, un très beau parcours réflexif ! Thierry Collaud propose également une réflexion très intéressante sur le lien à établir entre vulnérabilité et bien commun : la dimension communautaire de cette dernière devient une invitation à s’ouvrir spontanément à ce dont autrui a besoin, supposant entre les humains un processus de reconnaissance mutuelle. Le bien commun dépasse de la sorte sa seule dimension contractuelle pour devenir l’espace d’un engagement mutuel. La troisième contribution permet à Henri Moto de partager les enjeux de sa récente thèse de doctorat traitant du lien entre l’accès à l’eau et la problématique des vulnérabilités sociales. En effet, l’accès à l’eau reste, au Cameroun, un enjeu culturel, de pouvoir dans une société connaissant encore des difficultés de développement. Il montre ainsi comment, un non accès à l’eau potable – quelles qu’en soient les raisons – ne fait que renforcer les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires pour des populations n’ayant pas toujours compris le lien entre eau, santé et développement ; donc non-vulnérabilité. Frédéric Rognon propose ensuite une réflexion originale sur le paradoxe de la vulnérabilité « prise en charge » par des techniques de pointe et se demande ce qu’il en est de la reconnaissance du sujet. Pourquoi parler de paradoxe ? Alors que les techniques renvoient à la notion – et à l’espoir – de puissance et d’efficacité, il reste impressionnant de constater que la vulnérabilité reste une dimension constitutive de toute vie humaine. Comment, dès lors, articuler prouesses techniques et vulnérabilité de l’humain ? Il centre sa réflexion autour de J. Ellul et de P. Ricoeur pour proposer, d’une manière un peu superposée nous semble-t-il, une invitation à réintégrer de l’humain dans la technique, y compris au seuil de l’expérience d’une vulnérabilité constitutive qu’est la mort. C’est cette dimension de la fin de vie que retravaille Marie-Jo Thiel au regard de la vulnérabilité, reprenant ici les enjeux essentiels de précédentes publications. Nous l’aurons compris, ces différentes approches ne se valent pas dans leur originalité mais toutes ont cet intérêt de supprimer le point d’interrogation à la notion de « souhaitable » présente dans le titre. Non pour dire que la vulnérabilité soit souhaitable, mais qu’elle fait partie de la vie dans ses dimensions les plus diverses et, qu’à ce titre, si elle se doit d’être vécue, elle se doit également d’être réfléchie. Ce que font à bon escient ces diverses contributions.Dominique Jacquemin

interview

Souhaitable vulnérabilité ?

Chemins d’éthique

Ouvrage faisant suite à une journée de l’École doctorale de théologie et de sciences religieuses à l’université de Strasbourg, il nous propose, outre la préface de R. Heyer, cinq interventions marquantes ayant trait à la notion de vulnérabilité. Elles en montrent les enjeux contemporains, tout en déplaçant parfois le lieu d’origine de son émergence ; ce qui fait l’enjeu le plus original de cette publication. Le premier texte, le plus intéressant de notre point de vue, est proposé par Nathalie Maillard. Elle invite à réfléchir la dimension anthropologique de la vulnérabilité pour en percevoir, avec Lévinas et Ricoeur, ses répercussions éthiques. En ce sens, elle se demande pourquoi la vulnérabilité – dimension si essentielle et naturelle de toute vie – a été si longtemps absente du questionnement éthique. À travers une relecture passionnante de la tension entre autonomie et vulnérabilité, elle insiste sur les dimensions d’état et de visée permettant d’ouvrir à une éthique du care comme soin donné à autrui, faisant de la condition vulnérable une dimension éthique centrale de l’appel et de la confiance, ouvrant à une éthique des capabilités. Vraiment, un très beau parcours réflexif ! Thierry Collaud propose également une réflexion très intéressante sur le lien à établir entre vulnérabilité et bien commun : la dimension communautaire de cette dernière devient une invitation à s’ouvrir spontanément à ce dont autrui a besoin, supposant entre les humains un processus de reconnaissance mutuelle. Le bien commun dépasse de la sorte sa seule dimension contractuelle pour devenir l’espace d’un engagement mutuel. La troisième contribution permet à Henri Moto de partager les enjeux de sa récente thèse de doctorat traitant du lien entre l’accès à l’eau et la problématique des vulnérabilités sociales. En effet, l’accès à l’eau reste, au Cameroun, un enjeu culturel, de pouvoir dans une société connaissant encore des difficultés de développement. Il montre ainsi comment, un non accès à l’eau potable – quelles qu’en soient les raisons – ne fait que renforcer les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires pour des populations n’ayant pas toujours compris le lien entre eau, santé et développement ; donc non-vulnérabilité. Frédéric Rognon propose ensuite une réflexion originale sur le paradoxe de la vulnérabilité « prise en charge » par des techniques de pointe et se demande ce qu’il en est de la reconnaissance du sujet. Pourquoi parler de paradoxe ? Alors que les techniques renvoient à la notion – et à l’espoir – de puissance et d’efficacité, il reste impressionnant de constater que la vulnérabilité reste une dimension constitutive de toute vie humaine. Comment, dès lors, articuler prouesses techniques et vulnérabilité de l’humain ? Il centre sa réflexion autour de J. Ellul et de P. Ricoeur pour proposer, d’une manière un peu superposée nous semble-t-il, une invitation à réintégrer de l’humain dans la technique, y compris au seuil de l’expérience d’une vulnérabilité constitutive qu’est la mort. C’est cette dimension de la fin de vie que retravaille Marie-Jo Thiel au regard de la vulnérabilité, reprenant ici les enjeux essentiels de précédentes publications. Nous l’aurons compris, ces différentes approches ne se valent pas dans leur originalité mais toutes ont cet intérêt de supprimer le point d’interrogation à la notion de « souhaitable » présente dans le titre. Non pour dire que la vulnérabilité soit souhaitable, mais qu’elle fait partie de la vie dans ses dimensions les plus diverses et, qu’à ce titre, si elle se doit d’être vécue, elle se doit également d’être réfléchie. Ce que font à bon escient ces diverses contributions.Dominique Jacquemin

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Compte-rendu de colloque

Souhaitable vulnérabilité ?

Chemins d’éthique

Ouvrage faisant suite à une journée de l’École doctorale de théologie et de sciences religieuses à l’université de Strasbourg, il nous propose, outre la préface de R. Heyer, cinq interventions marquantes ayant trait à la notion de vulnérabilité. Elles en montrent les enjeux contemporains, tout en déplaçant parfois le lieu d’origine de son émergence ; ce qui fait l’enjeu le plus original de cette publication. Le premier texte, le plus intéressant de notre point de vue, est proposé par Nathalie Maillard. Elle invite à réfléchir la dimension anthropologique de la vulnérabilité pour en percevoir, avec Lévinas et Ricoeur, ses répercussions éthiques. En ce sens, elle se demande pourquoi la vulnérabilité – dimension si essentielle et naturelle de toute vie – a été si longtemps absente du questionnement éthique. À travers une relecture passionnante de la tension entre autonomie et vulnérabilité, elle insiste sur les dimensions d’état et de visée permettant d’ouvrir à une éthique du care comme soin donné à autrui, faisant de la condition vulnérable une dimension éthique centrale de l’appel et de la confiance, ouvrant à une éthique des capabilités. Vraiment, un très beau parcours réflexif ! Thierry Collaud propose également une réflexion très intéressante sur le lien à établir entre vulnérabilité et bien commun : la dimension communautaire de cette dernière devient une invitation à s’ouvrir spontanément à ce dont autrui a besoin, supposant entre les humains un processus de reconnaissance mutuelle. Le bien commun dépasse de la sorte sa seule dimension contractuelle pour devenir l’espace d’un engagement mutuel. La troisième contribution permet à Henri Moto de partager les enjeux de sa récente thèse de doctorat traitant du lien entre l’accès à l’eau et la problématique des vulnérabilités sociales. En effet, l’accès à l’eau reste, au Cameroun, un enjeu culturel, de pouvoir dans une société connaissant encore des difficultés de développement. Il montre ainsi comment, un non accès à l’eau potable – quelles qu’en soient les raisons – ne fait que renforcer les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires pour des populations n’ayant pas toujours compris le lien entre eau, santé et développement ; donc non-vulnérabilité. Frédéric Rognon propose ensuite une réflexion originale sur le paradoxe de la vulnérabilité « prise en charge » par des techniques de pointe et se demande ce qu’il en est de la reconnaissance du sujet. Pourquoi parler de paradoxe ? Alors que les techniques renvoient à la notion – et à l’espoir – de puissance et d’efficacité, il reste impressionnant de constater que la vulnérabilité reste une dimension constitutive de toute vie humaine. Comment, dès lors, articuler prouesses techniques et vulnérabilité de l’humain ? Il centre sa réflexion autour de J. Ellul et de P. Ricoeur pour proposer, d’une manière un peu superposée nous semble-t-il, une invitation à réintégrer de l’humain dans la technique, y compris au seuil de l’expérience d’une vulnérabilité constitutive qu’est la mort. C’est cette dimension de la fin de vie que retravaille Marie-Jo Thiel au regard de la vulnérabilité, reprenant ici les enjeux essentiels de précédentes publications. Nous l’aurons compris, ces différentes approches ne se valent pas dans leur originalité mais toutes ont cet intérêt de supprimer le point d’interrogation à la notion de « souhaitable » présente dans le titre. Non pour dire que la vulnérabilité soit souhaitable, mais qu’elle fait partie de la vie dans ses dimensions les plus diverses et, qu’à ce titre, si elle se doit d’être vécue, elle se doit également d’être réfléchie. Ce que font à bon escient ces diverses contributions.Dominique Jacquemin

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Ouvrage faisant suite à une journée de l’École doctorale de théologie et de sciences religieuses à l’université de Strasbourg, il nous propose, outre la préface de R. Heyer, cinq interventions marquantes ayant trait à la notion de vulnérabilité. Elles en montrent les enjeux contemporains, tout en déplaçant parfois le lieu d’origine de son émergence ; ce qui fait l’enjeu le plus original de cette publication. Le premier texte, le plus intéressant de notre point de vue, est proposé par Nathalie Maillard. Elle invite à réfléchir la dimension anthropologique de la vulnérabilité pour en percevoir, avec Lévinas et Ricoeur, ses répercussions éthiques. En ce sens, elle se demande pourquoi la vulnérabilité – dimension si essentielle et naturelle de toute vie – a été si longtemps absente du questionnement éthique. À travers une relecture passionnante de la tension entre autonomie et vulnérabilité, elle insiste sur les dimensions d’état et de visée permettant d’ouvrir à une éthique du care comme soin donné à autrui, faisant de la condition vulnérable une dimension éthique centrale de l’appel et de la confiance, ouvrant à une éthique des capabilités. Vraiment, un très beau parcours réflexif ! Thierry Collaud propose également une réflexion très intéressante sur le lien à établir entre vulnérabilité et bien commun : la dimension communautaire de cette dernière devient une invitation à s’ouvrir spontanément à ce dont autrui a besoin, supposant entre les humains un processus de reconnaissance mutuelle. Le bien commun dépasse de la sorte sa seule dimension contractuelle pour devenir l’espace d’un engagement mutuel. La troisième contribution permet à Henri Moto de partager les enjeux de sa récente thèse de doctorat traitant du lien entre l’accès à l’eau et la problématique des vulnérabilités sociales. En effet, l’accès à l’eau reste, au Cameroun, un enjeu culturel, de pouvoir dans une société connaissant encore des difficultés de développement. Il montre ainsi comment, un non accès à l’eau potable – quelles qu’en soient les raisons – ne fait que renforcer les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires pour des populations n’ayant pas toujours compris le lien entre eau, santé et développement ; donc non-vulnérabilité. Frédéric Rognon propose ensuite une réflexion originale sur le paradoxe de la vulnérabilité « prise en charge » par des techniques de pointe et se demande ce qu’il en est de la reconnaissance du sujet. Pourquoi parler de paradoxe ? Alors que les techniques renvoient à la notion – et à l’espoir – de puissance et d’efficacité, il reste impressionnant de constater que la vulnérabilité reste une dimension constitutive de toute vie humaine. Comment, dès lors, articuler prouesses techniques et vulnérabilité de l’humain ? Il centre sa réflexion autour de J. Ellul et de P. Ricoeur pour proposer, d’une manière un peu superposée nous semble-t-il, une invitation à réintégrer de l’humain dans la technique, y compris au seuil de l’expérience d’une vulnérabilité constitutive qu’est la mort. C’est cette dimension de la fin de vie que retravaille Marie-Jo Thiel au regard de la vulnérabilité, reprenant ici les enjeux essentiels de précédentes publications. Nous l’aurons compris, ces différentes approches ne se valent pas dans leur originalité mais toutes ont cet intérêt de supprimer le point d’interrogation à la notion de « souhaitable » présente dans le titre. Non pour dire que la vulnérabilité soit souhaitable, mais qu’elle fait partie de la vie dans ses dimensions les plus diverses et, qu’à ce titre, si elle se doit d’être vécue, elle se doit également d’être réfléchie. Ce que font à bon escient ces diverses contributions.Dominique Jacquemin

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Ouvrage faisant suite à une journée de l’École doctorale de théologie et de sciences religieuses à l’université de Strasbourg, il nous propose, outre la préface de R. Heyer, cinq interventions marquantes ayant trait à la notion de vulnérabilité. Elles en montrent les enjeux contemporains, tout en déplaçant parfois le lieu d’origine de son émergence ; ce qui fait l’enjeu le plus original de cette publication. Le premier texte, le plus intéressant de notre point de vue, est proposé par Nathalie Maillard. Elle invite à réfléchir la dimension anthropologique de la vulnérabilité pour en percevoir, avec Lévinas et Ricoeur, ses répercussions éthiques. En ce sens, elle se demande pourquoi la vulnérabilité – dimension si essentielle et naturelle de toute vie – a été si longtemps absente du questionnement éthique. À travers une relecture passionnante de la tension entre autonomie et vulnérabilité, elle insiste sur les dimensions d’état et de visée permettant d’ouvrir à une éthique du care comme soin donné à autrui, faisant de la condition vulnérable une dimension éthique centrale de l’appel et de la confiance, ouvrant à une éthique des capabilités. Vraiment, un très beau parcours réflexif ! Thierry Collaud propose également une réflexion très intéressante sur le lien à établir entre vulnérabilité et bien commun : la dimension communautaire de cette dernière devient une invitation à s’ouvrir spontanément à ce dont autrui a besoin, supposant entre les humains un processus de reconnaissance mutuelle. Le bien commun dépasse de la sorte sa seule dimension contractuelle pour devenir l’espace d’un engagement mutuel. La troisième contribution permet à Henri Moto de partager les enjeux de sa récente thèse de doctorat traitant du lien entre l’accès à l’eau et la problématique des vulnérabilités sociales. En effet, l’accès à l’eau reste, au Cameroun, un enjeu culturel, de pouvoir dans une société connaissant encore des difficultés de développement. Il montre ainsi comment, un non accès à l’eau potable – quelles qu’en soient les raisons – ne fait que renforcer les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires pour des populations n’ayant pas toujours compris le lien entre eau, santé et développement ; donc non-vulnérabilité. Frédéric Rognon propose ensuite une réflexion originale sur le paradoxe de la vulnérabilité « prise en charge » par des techniques de pointe et se demande ce qu’il en est de la reconnaissance du sujet. Pourquoi parler de paradoxe ? Alors que les techniques renvoient à la notion – et à l’espoir – de puissance et d’efficacité, il reste impressionnant de constater que la vulnérabilité reste une dimension constitutive de toute vie humaine. Comment, dès lors, articuler prouesses techniques et vulnérabilité de l’humain ? Il centre sa réflexion autour de J. Ellul et de P. Ricoeur pour proposer, d’une manière un peu superposée nous semble-t-il, une invitation à réintégrer de l’humain dans la technique, y compris au seuil de l’expérience d’une vulnérabilité constitutive qu’est la mort. C’est cette dimension de la fin de vie que retravaille Marie-Jo Thiel au regard de la vulnérabilité, reprenant ici les enjeux essentiels de précédentes publications. Nous l’aurons compris, ces différentes approches ne se valent pas dans leur originalité mais toutes ont cet intérêt de supprimer le point d’interrogation à la notion de « souhaitable » présente dans le titre. Non pour dire que la vulnérabilité soit souhaitable, mais qu’elle fait partie de la vie dans ses dimensions les plus diverses et, qu’à ce titre, si elle se doit d’être vécue, elle se doit également d’être réfléchie. Ce que font à bon escient ces diverses contributions.Dominique Jacquemin

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Ouvrage faisant suite à une journée de l’École doctorale de théologie et de sciences religieuses à l’université de Strasbourg, il nous propose, outre la préface de R. Heyer, cinq interventions marquantes ayant trait à la notion de vulnérabilité. Elles en montrent les enjeux contemporains, tout en déplaçant parfois le lieu d’origine de son émergence ; ce qui fait l’enjeu le plus original de cette publication. Le premier texte, le plus intéressant de notre point de vue, est proposé par Nathalie Maillard. Elle invite à réfléchir la dimension anthropologique de la vulnérabilité pour en percevoir, avec Lévinas et Ricoeur, ses répercussions éthiques. En ce sens, elle se demande pourquoi la vulnérabilité – dimension si essentielle et naturelle de toute vie – a été si longtemps absente du questionnement éthique. À travers une relecture passionnante de la tension entre autonomie et vulnérabilité, elle insiste sur les dimensions d’état et de visée permettant d’ouvrir à une éthique du care comme soin donné à autrui, faisant de la condition vulnérable une dimension éthique centrale de l’appel et de la confiance, ouvrant à une éthique des capabilités. Vraiment, un très beau parcours réflexif ! Thierry Collaud propose également une réflexion très intéressante sur le lien à établir entre vulnérabilité et bien commun : la dimension communautaire de cette dernière devient une invitation à s’ouvrir spontanément à ce dont autrui a besoin, supposant entre les humains un processus de reconnaissance mutuelle. Le bien commun dépasse de la sorte sa seule dimension contractuelle pour devenir l’espace d’un engagement mutuel. La troisième contribution permet à Henri Moto de partager les enjeux de sa récente thèse de doctorat traitant du lien entre l’accès à l’eau et la problématique des vulnérabilités sociales. En effet, l’accès à l’eau reste, au Cameroun, un enjeu culturel, de pouvoir dans une société connaissant encore des difficultés de développement. Il montre ainsi comment, un non accès à l’eau potable – quelles qu’en soient les raisons – ne fait que renforcer les vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires pour des populations n’ayant pas toujours compris le lien entre eau, santé et développement ; donc non-vulnérabilité. Frédéric Rognon propose ensuite une réflexion originale sur le paradoxe de la vulnérabilité « prise en charge » par des techniques de pointe et se demande ce qu’il en est de la reconnaissance du sujet. Pourquoi parler de paradoxe ? Alors que les techniques renvoient à la notion – et à l’espoir – de puissance et d’efficacité, il reste impressionnant de constater que la vulnérabilité reste une dimension constitutive de toute vie humaine. Comment, dès lors, articuler prouesses techniques et vulnérabilité de l’humain ? Il centre sa réflexion autour de J. Ellul et de P. Ricoeur pour proposer, d’une manière un peu superposée nous semble-t-il, une invitation à réintégrer de l’humain dans la technique, y compris au seuil de l’expérience d’une vulnérabilité constitutive qu’est la mort. C’est cette dimension de la fin de vie que retravaille Marie-Jo Thiel au regard de la vulnérabilité, reprenant ici les enjeux essentiels de précédentes publications. Nous l’aurons compris, ces différentes approches ne se valent pas dans leur originalité mais toutes ont cet intérêt de supprimer le point d’interrogation à la notion de « souhaitable » présente dans le titre. Non pour dire que la vulnérabilité soit souhaitable, mais qu’elle fait partie de la vie dans ses dimensions les plus diverses et, qu’à ce titre, si elle se doit d’être vécue, elle se doit également d’être réfléchie. Ce que font à bon escient ces diverses contributions.Dominique Jacquemin

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