Journée Spiritual Care du 11 mars 2022

Entre défi et défiance : une institutionnalisation du soin spirituel est-elle possible en France?

 

Colloque organisé par l’International Relations Group de la SFAP, en partenariat avec le réseau RESSPIR

 

Argumentaire

Les définitions officielles des soins palliatifs de la SFAP et de l’OMS recourent au concept de spiritualité pour caractériser à la fois la souffrance des patients et la nature des soins qui leur sont apportés. Si les premières traces de ce concept apparaissent au début des années 60 sous la plume de Cicely Saunders, il faut attendre les années 2000 pour que cet intérêt du mouvement des soins palliatifs pour la question spirituelle se structure sous la forme d’un champ de recherche à part entière[1]. Alors que l’EAPC et de nombreuses associations de soins palliatifs européennes (Pays-Bas, Belgique, Suisse, Angleterre, Irlande, etc.) publient des recommandations pour la recherche, la clinique et l’enseignement ; alors que des chercheurs de ces différents pays explorent le champ de la souffrance spirituelle, construisent des outils d’évaluation, testent l’efficacité d’interventions spirituelles ; alors que des pratiques originales se réclamant explicitement et publiquement du spirituel font leur apparition et se pérennisent, la France apparaît particulièrement en retrait.

A l’écart de cette dynamique, les acteurs français des soins palliatifs témoignent néanmoins d’une curiosité voire d’un réel intérêt pour cette question : la SFAP avait fait de la question spirituelle un des principaux thèmes du congrès 2012 à Strasbourg ; des présentations sont consacrées spécifiquement à cette thématique à chaque congrès et des journées régionales de soins palliatifs prennent pour thème principal la spiritualité. De même, de nombreux étudiants de DUSP, de DIUSP, de DESC ou de Master choisissent régulièrement cette thématique de recherche pour rédiger leur mémoire de fin d’étude. Cet écart entre la France et les homologues européens ne porterait donc pas sur l’intérêt pour la question mais sur le degré de formalisation et d’opérationnalisation que cet intérêt engendre.

L’exemple d’opérationnalisation le plus visible est la création d’un nouveau métier, celui d’intervenant en soins spirituels ou d’accompagnant spirituel. Cette professionnalisation et cette spécialisation du spirituel soulève de nombreuses questions en France : quelles différences entre ce métier et celui de psychologue clinicien ? Le soin spirituel n’incombe-t-il pas à chacun ? Comment accompagner de manière adaptée tous les patients quelle que soit leur orientation spirituelle ? A un autre niveau se généralisent des outils d’évaluation standardisés de la détresse ou souffrance spirituelle, à destination des soignants, sous la forme de questionnaires ou de questions ouvertes, largement diffusés mais très peu utilisés en France. Enfin, alors que l’EAPC vient de publier un guide de recommandations à destination des formateurs, les cours consacrées à cette question restent rares dans les filières de formation initiale ou continue en France.

Passéisme ? Résistance au changement ? Laïcité à la française ? Il nous semble nécessaire de pousser plus avant l’analyse à l’heure d’une crise sanitaire qui réinterroge ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Pourquoi le concept de spiritualité n’apparaît-il dans aucun texte officiel relatif à la fin de vie et aux soins palliatifs en France ? Que produit l’intégration de la spiritualité dans les soins chez nos voisins européens et sur quels leviers s’appuient-ils pour promouvoir cette intégration ? Une institutionnalisation de la spiritualité est-elle possible et souhaitable en France et sous quelle forme ? Comment articuler au plan conceptuel l’éthique, le soin et la spiritualité ?

 

Date et lieu

11 Mars 22 au FIAP de Paris.

 

Format et modalités

Evénement en présence (capacité de 200 personnes) retransmis en direct sur Youtube.

Tarifs :

[1] En 2011, l’EAPC crée sa Task Force Spiritual Care, devenue depuis 2019 un Reference Group appelé à s’inscrire sur la durée.

 

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