Pierre-Yves Brandt et Jacques Besson (éd.),
Genève, Labor et Fides, 2016, 183 p. ISBN 978-2-8309-1586-0
Voir la vidéo de présentation du livre par Pierre-Yves Brandt.
Face à une demande de plus en plus large et diversifiée, est-il possible d’intégrer la spiritualité dans des hôpitaux laïques ? Plusieurs auteurs, chercheurs ou médecins, font part de leurs expériences et de leurs réflexions et tentent de répondre à ce défi nouveau qui transforme considérablement le rôle des aumôniers et plus largement du rapport entre personnel hospitalier et patients. Il s’agit désormais de définir à la fois le cadre théorique de l’intégration de la spiritualité et de la religion dans les modèles de soins mis en place dans un système hospitalier, mais aussi d’examiner plus en détail comment la dimension religieuse et spirituelle peut être intégrée dans des contextes variés, en particulier dans le domaine des soins palliatifs.
Un ouvrage qui propose de nombreuses pistes à la fois théoriques et pratiques sur un sujet nouveau, mais amené à prendre de plus en plus d’ampleur.
Avec les contributions de Jacques Besson (éd.), Gian Domenico Borasio, Pierre-Yves Brandt (éd.), Jean-Bernard Daeppen, Adrian Dinu, Claudia Dinu, Claude-Alexandre Fournier, Maria Chiara Giorda, Dorothea Lüddeckens, Elena Messina, Rafael Walthert et Barbara Zeugin
Recension
Issue d’un colloque, cette publication en rencontre l’avantage, celui d’une diversité d’approches pour déployer l’importance d’une implémentation du spirituel en milieu hospitalier, mais également l’inconvénient d’un fil rouge insuffisamment unifié, donnant encore trop à penser, par certaines contributions, que le spirituel se cantonnerait à la seule dimension religieuse de l’existence. Car les spiritualités sont diverses et c’est ce dont attestent les différents auteurs de cet ouvrage conçu en trois parties : le cadre théorique de l’intégration de la spiritualité et de la religion dans les modèles de soins mis en place dans un système hospitalier, l’intégration de la dimension religieuse et spirituelle dans divers contextes hospitaliers, le domaine des soins palliatifs. L’ouvrage s’ouvre d’abord par une question centrale : quelle compétence pour l’accompagnement spirituel et à qui revient-il ? Question qu’on retrouvera au terme de ce dernier lorsqu’il approche une spécificité des soins palliatifs. En ce sens, on y trouve de belles pistes réflexives pour celles et ceux qui, au cœur des pratiques de soin et d’accompagnement, s’interrogent sur le statut du « spirituel », les compétences qui y sont inhérentes pour une professionnalisation diversifiée des personnes mandatées dans des institutions aux référentiels de plus en plus divers en matière d’appartenance religieuse ou laïque. Une réflexion relative au phénomène migratoire interroge ce qu’il va imposer comme mutations d’accompagnement spirituel et religieux de personnes venant, en nos pays, d’horizons culturels et religieux de plus en plus divers : serons-nous prêts à nous laisser interroger et aurons-nous les compétences nécessaires pour y faire face, particulièrement dans nos structures sécularisées ? L’ouvrage s’intéresse également à une compréhension du recours de plus en plus important, au cœur de la médecine, au spirituel : quel en est l’intérêt mais également les risques d’instrumentalisation, surtout lorsque « le spirituel » se résume à une approche peu argumentée de la notion de qualité de vie ? Une approche relative à la tradition orthodoxe, certes un peu longue pour l’équilibre de l’ouvrage, croise les représentations de professionnels, d’étudiants en médecine et en théologie relatives à l’importance de la religion dans l’expérience de la maladie et le processus de guérison. En un mot, cette contribution propose d’intéressants jalons pour penser ce que signifie, de nos jours, l’intégration du spirituel en milieu hospitalier.
Dominique JACQUEMIN
