Pratique religieuse et survie dans la grande vieillesse

Spini, D., Lalive d’Epinay, C., & Pin, S. (2001). Revue Médicale Suisse, 3, 21750.

 

Résumé. Plusieurs recherches, avant tout américaines, indiquent un lien entre la pratique religieuse et la survie des personnes âgées. A ce jour, peu d’études ont vérifié cet effet dans un pays européen et rares sont celles qui portent sur des populations très âgées. Nous présentons ici des résultats issus de la recherche SWILSO-O (Swiss Interdisciplinary Longitudinal Study on the Oldest Old), qui suit, depuis 1994, 340 personnes âgées de 80 à 84 ans au départ. Des analyses de régression logistique confirment que la pratique religieuse est positivement liée à la survie mesurée 12 ou 18 mois plus tard, compte tenu de l’effet d’autres facteurs tels que la santé fonctionnelle ou les symptômes dépressifs. Les interprétations possibles de ce résultat sont discutées. A notre connaissance, il s’agit de la première recherche qui révèle cet effet dans une population du quatrième âge et composée d’une forte représentation de croyants catholiques.

La pratique religieuse en tant que facteur de survie est aujourd’hui un fait établi en gérontologie sociale. Récemment, une méta-analyse a été produite établissant que cet effet est robuste à travers 42 échantillons indépendants, localisés principalement aux Etats-Unis, mais aussi en Israël et en Norvège.

Différentes directions de recherche ont été développées afin de mieux comprendre cette relation apparemment surprenante. Un premier ensemble de travaux, examinant les médiations possibles d’autres facteurs, ont montré ainsi que la pratique religieuse est associée à la santé fonctionnelle, à des comportements de santé et en particulier au poids corporel, aux relations sociales et à différents indicateurs de bien-être. Pourtant, ces facteurs ne permettent pas d’expliquer complètement les processus par lesquels la pratique religieuse influence la survie. Une deuxième direction de recherche essaie de déterminer quelles sont, parmi les dimensions de la pratique religieuse, celles qui seraient particulièrement liées à la longévité. Or, les résultats confirment que diverses formes de religiosité, telles que la participation aux offices, l’appartenance à un kibboutz religieux, l’intensité des croyances, l’orthodoxie religieuse, ont un impact sur la durée de vie.

A ce jour, les recherches examinant l’impact de la pratique religieuse sur la survie sont fondées en général sur des populations majoritairement du troisième âge. Par ailleurs, aucune d’entre elles n’inclut, de manière représentative, une population catholique. Cet article a pour but de vérifier cette association dans la population de personnes très âgées des cantons de Genève et du Valais central, composée d’une importante proportion de pratiquants catholiques.

 

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