La « bonne mort » : Perceptions des professionnels de soins en suisse romande

Kabengele Mpinga, E., Chastonay, P., Pellissier, F., Salvi, M., Bondolfi, A., & Rapin, C.-H. (2005). Recherche en Soins Infirmiers, 80(1), 4-11.

 

[The “good death”: Perceptions of health personnel in Francophone Switzerland]

 

Résumé.

Objectifs. Cette étude a pour objectifs de connaître les perceptions d’une bonne mort et d’identifier les facteurs pouvant en expliquer les différences auprès des professionnels de soins oeuvrant dans des institutions pour personnes âgées en Suisse Romande.

Méthodes. Une enquête transversale, de type « un jour donné » par questionnaire auto administré, a été menée auprès de 161 professionnels de santé de cinq établissements pour personnes âgées dont deux de Genève et trois du Valais dans le but de connaître leurs perceptions d’une « bonne mort ». L’outil de mesure utilisé est le New Measure of Concept of good death élaboré et validé par une équipe américaine.

Résultats. Le soulagement des douleurs, la paix et la sérénité, la présence des proches et le respect des dernières volontés forment les quatre piliers caractéristiques d’une bonne mort auprès de plus de 80 % des répondants. Le soutien des professionnels, la possibilité de transmettre les valeurs et l’essentiel des expériences de la vie ainsi que la prise en compte des besoins religieux ou spirituels des patients sont considérés comme des caractéristiques importantes et essentielles d’une bonne mort pour une frange de 60 à 70% des membres de ce collectif. La dernière catégorie comprend le besoin d’avoir un temps de préparation, la possibilité de choisir le lieu de décès, le besoin d’être conscient et en relation jusqu’au bout ainsi que la nécessité d’un contrôle de fonctions du corps ; quatre à cinq répondants sur dix adhèrent à ces propositions. Ces perceptions globales cachent cependant de fortes différences de sensibilité en fonction du lieu de travail, du sexe, de la formation en soins palliatifs, de l’expérience professionnelle et du nombre de décès auxquels les répondants ont été confrontés.

Conclusion. Les résultats obtenus montrent une convergence de vue parmi les professionnels de santé sur ce que devrait être une « bonne mort ». Les décideurs de politique de santé devraient en tenir compte et intégrer la recherche des conditions de réalisation des expériences de « bonnes morts » dans les objectifs de santé publique.

 

Abstract. 

Aims. To describe perceptions of “good death” among health personnel working in nursing homes in French-speaking Switzerland, and to identify differential explanatory factors.

Methods. A cross-sectional study with a self-administered questionnaire, adapted from the New Measure of the Concept of Good Death, was carried out among health personnel in five nursing homes (two in Geneva and three in Valais) in spring 2004. One hundred and sixty-one persons participated at the study representing over 90% of the personnel contacted.

Results. Four things were considered hallmarks of “good death” by more than 80% of respondents: pain control, serenity and peace, the presence of family members or close friends, and the respect of final wishes. Up to 70% also considered the following elements important: the support of health professionals, the opportunity to communicate one’s values, and access to spiritual and/or religious support. Around 50% of respondents also considered it important “to be able to choose the place of death,” “to have time to prepare oneself,” “to stay conscious to the end,” and “to have control over body functions.” These perceptions vary according to place of work, sex, training in palliative care, professional experience, and of the number of deaths respondents have dealt with.

Conclusion. There seem to be converging opinions among health personnel on what “good death” is. Public health decisions makers need to be aware of this.

 

Lien vers l’article (CAIRN.info).

Link to article (CAIRN.info).