Diabète et jeûne de Ramadan: représentations et pratiques de patients et de professionnels de santé

Smaoui, N., Collin, J. F., Durain-Siefert, D., Gendarme, S., Allioui, E. M., Legrand, K., … & Ziegler, O. (2013). Education Thérapeutique du Patient-Therapeutic Patient Education, 5(2), 199-211.

 

[Diabetes and Ramadan’s fasting: patients’ and health professionals’ representations and practice]

 

Résumé.

Introduction. Une majorité de patients diabétiques musulmans suivrait le jeûne du Ramadan en dépit d’un risque potentiellement important d’hypo ou d’hyperglycémie. Le but de cette étude est d’explorer les représentations et pratiques des patients et des professionnels de santé (PS) dans ce domaine.

Patients et méthodes. Deux questionnaires ont été spécifiquement conçus (un pour les PS et l’autre pour les patients). Cent PS (dont 73 % de médecins) et 42 patients diabétiques de type 1 et 2 ont répondu aux questionnaires.

Résultats. Près de la moitié des PS dit avoir été confrontée à une situation associant diabète et Ramadan, mais paradoxalement un tiers seulement sait si les patients pratiquent ou non le jeûne. À ce manque d’information s’ajoute la diversité des propositions faites aux patients : interdiction du jeûne, adaptation des traitements ou pas de changement. De leur côté, les patients sont conscients des risques associés au jeûne en cas de diabète, craignent les complications, mais pour autant suivent le Ramadan en s’adaptant comme ils le peuvent. Si la gestion de l’hypoglycémie est connue pour la moitié d’entre eux, ce n’est pas le cas pour l’hyperglycémie.

Conclusion. La pratique du Ramadan et ses conséquences pour les patients diabétiques sont certainement sous-estimées par les professionnels de santé. La relation soignant-soigné qui se joue à cette occasion peut, lorsqu’elle s’oriente favorablement, conduire à une démarche d’éducation du patient. Il y a une nécessité pour les PS de mieux prendre en compte les représentations des patients et de leurs pratiques au cours du Ramadan, de les informer des risques et des possibilités d’exemption du jeûne, afin de pouvoir proposer des solutions et un accompagnement adaptés à chaque situation sur le plan médical et culturel.

 

[Abstract.

Introduction. A majority of Muslim diabetic patients seem to follow the Ramadan’s fasting despite a significant risk of hypo- or hyperglycemia. The aim of this study is to explore the representations and practices of patients and health professionals (HP) in this area.

Patients and methods. Two questionnaires were specifically designed (one for HP and one for patients). One hundred HP (of whom 73% of medical doctors) and 42 patients answered the questionnaires.

Results. Nearly half of the HP said they were confronted with a situation including diabetes and Ramadan. At the same time, only a third of them know if patients practice fasting or not. This lack of information is associated with various proposals: fasting interdiction, treatment adjustments or no change. Patients are aware of the risks associated with Ramadan’s fasting in presence of diabetes and fear complications, but so far they try to adapt as they can. If the management of hypoglycemia is known by half of them, this is not the case for hyperglycemia.

Conclusion. The practice of Ramadan by diabetic patients is certainly underestimated, as well as its practical consequences. The relationship between HP and patients in these circumstances, when it’s favorable, should lead to the process of patient education. There is a need for HPs to better take into account the patients’ beliefs and practices regarding Ramadan – despite patients are informed of the risks and opportunities of exemption – and suggest ways and support adapted to each situation from a medical and also cultural point of view.]

 

Lien vers l’article (revue).