Bien-être spirituel et stratégies de coping des patients atteints de cancer en cours de traitement

Gaillard Desmedt, S. (2013). Master ès Sciences en sciences infirmières. UNIL, HES-SO. 187 p.

 

Résumé. Affronter et vivre avec un cancer est une expérience éprouvante qui touche un nombre important de personnes chaque année. La maladie cancéreuse engendre une souffrance physique et morale et confronte à de nombreuses pertes, à l’incertitude et à l’idée de la mort. Cette expérience affecte la qualité de vie et le bien-être des patients. Faire face à la maladie cancéreuse mobilise des stratégies d’ajustement ou coping. Le bien-être spirituel a été identifié comme un bon indicateur de la qualité de vie et du coping en oncologie. La théorie de l’Omniprésence du cancer conçue par Shaha sert de cadre de référence à l’étude. Cette étude descriptive corrélationnelle a pour but de décrire le niveau de bien-être spirituel ainsi que les stratégies et styles de coping des patients atteints de cancer en cours de traitements et établir une corrélation descriptive entre le bien-être spirituel, les styles de coping et les données sociodémographiques et de santé. La collecte de données s’est déroulée dans un centre oncologique universitaire. L’échantillon de convenance est composé de 48 participants dont 22 femmes. Les instruments de mesure utilisés sont le FACIT – Sp pour le bien-être spirituel et la Jalowiec Coping Scale pour les stratégies d’ajustement. Un niveau de bien-être spirituel modéré a été relevé chez les participants. Les conceptions spirituelles et religieuses des patients témoignent de la diversité des formes et des expressions de la spiritualité et de l’influence culturelle. Pour faire face à la maladie, l’optimisme s’avère le style privilégié des participants. Il est aussi considéré comme le plus efficace. Globalement, la gestion des émotions induites par l’expérience du cancer apparaît prioritaire par rapport aux stratégies visant la résolution du problème. Le bien-être spirituel est positivement corrélé avec la recherche de soutien (rs = 0,290, p = 0,046) et l’indépendance (rs = 0,199, p = 0,017). La dimension paix est négativement associée à l’expression des émotions (rs = -0,353, p = 0,014) et la dimension foi au fatalisme (rs = – 0,198, p = 0,018). Les hommes ne vivant pas en couple, les jeunes et les personnes dans un moins bon état de santé semblent plus à risque de mobiliser des stratégies de coping ayant une incidence négative sur la qualité de vie et le bien-être spirituel. Ces différents constats illustrent la singularité de l’expérience et la complexité de l’évaluation clinique. Développer des interventions ciblées visant à répondre de manière spécifique aux besoins spirituels des patients et à soutenir le processus d’ajustement à la maladie est un enjeu majeur pour la profession infirmière.