Le temps du désir

Denis Vasse, Paris, Seuil, 1969, 167 p.

Qu’est-ce que la prière ? Est-ce besoin qui peut être apaisé ou demande irréductible ? Qui parle en elle ? Et quelle est cette parole, « ancrée dans le corps », qui ouvre à ce qui n’est pas elle et qu’elle ne pourra jamais dire ?

Réfléchissant sur la prière, en des pages qu’il a placées au seuil de son étude, Denis Vasse, religieux et psychanalyste, y repère ces éléments majeurs de la problématique du Désir que sont le Signifiant, la mort, la Loi ? Une même structure pourrait-elle rendre compte de la problématique du désir et de celle de la foi ?

Cette interrogation anime l’analyse de Denis Vasse, une analyse qui se veut « anthropologique », et se défend de tout jugement de valeur. Appuyée aux textes de Freud, de Jacques Lacan et de Serge Leclaire, elle prend pour champ d’investigation notre société actuelle, en ses manifestations les plus concrètes et quotidiennes.

La relation pédagogique, notre rapport à l’objet de consommation, la prise de la parole en mai 196, les aliénations du travail, le croyant dans le monde d’aujourd’hui, telles sont les situations où nous sont données à reconnaître les articulations fondamentales du besoin et du désir, de l’imagine et du symbolique, du savoir et de la vérité. Et si les Ecritures viennent sans cesse à ces pages, elles sont lues d’abord comme textes intégralement humains, expressions du désir.

Un essai situé sur ce terrain nouveau où cherchent à se répondre anthropologie et théologie. Sous-tendu par une intime inquiétude : « Cherchant à saisir, ayant été saisi, tel est cet homme de désir, redécouvert en moi au fil du temps d’un autre, nous, tout étonnés, qui ne savons comment dire les traces inconnues d’une histoire incroyablement nôtre. Un murmure porte ces pages et nous pousse à les parcourir sans nous y enfermer. »