Chapitre 5 : Coping spirituel

Introduction

Comment faisons-nous face aux situations de stress intenses ? Quelles stratégies mettons-nous en place ? La spiritualité et la religion regorgent de possibilités, positives et négatives à court et long terme, pour répondre aux situations menaçantes

1. Subjectivation, empowerment et capabilité


Qu’elle soit volontaire ou contrainte, la migration peut se révéler être une opportunité de subjectivation pour les personnes qui sont amenées à vivre cette expérience, c’est-à-dire qu’elle peut leur permettre de se positionner en tant que sujet qui prend des initiatives et des décisions, qui peut s’opposer à ce qu’on lui propose pour affirmer ses choix. Ces personnes deviennent actrices – et non pas spectatrices – de ce qui leur arrive. C’est ce qu’on appelle l’ « empowerment » : la capacité à prendre son destin en main. Cela fait référence à la « capabilité » que nous avons évoquée en section 1.

 

Un accompagnement fondé sur la rencontre respectueuse où la personne est valorisée en tant que sujet, détentrice de savoirs particuliers, peut permettre à celle-ci de réfléchir à sa situation et à l’évaluer en l’opposant à d’autres projets de vie possibles, à projeter des trajectoires alternatives, à identifier les facteurs qui entravent sa subjectivation, à se positionner et prendre des décisions.

Source : Mick C., Yuren T., De La Cruz, Subjectivation de migrantes en conditions vulnérables
au Mexique et au Pérou, « Autrepart », Presse de Sciences Po, 2013/3 No 66, pp. 99-114

2. Les stratégies relationnelles

Lorsque les personnes migrantes cumulent les vulnérabilités, comme c’est le cas pour Victoria, elles sont exposées à des risques accrus de précarité, de discrimination, d’exclusion et d’exploitation. Face à ces risques psychosociaux, certaines d’entre elles sont en capacité d’activer des liens qui seront producteurs de ressources, ce qui permet d’obtenir des aides matérielles, psychologiques, morales, juridiques ou sanitaires.

 

Ces stratégies relationnelles requièrent une gestion des émotions et des sentiments ainsi qu’un recours aux rationalités qui permettent de choisir dans quelles relations s’investir afin d’en tirer des ressources. Il s’agit de choisir avec soin les personnes dignes de confiance à qui elles peuvent confier leur histoire et leur situation actuelle, afin de trouver du soutien.

 

Ainsi, le travail relationnel se trouve au cœur des expériences des personnes mettant en œuvre ce type de stratégies.

 

Quelle que soit la nature des liens (familiaux, amicaux, associatifs, communautaires), qu’ils préexistent à la migration, qu’ils soient créés ou qu’ils dépendent des rencontres ponctuant la vie des personnes vulnérables, ils sont toujours sélectionnés avec soin et activés consciemment par ces dernières, dans l’espoir de réduire leurs vulnérabilités plurielles.

 

Source : Mellini L., Poglia Mileti F., Villani M., Résistantes face à la vulnérabilité.
L’agentivité relationnelle des femmes africaines et séropositives en contexte migratoire,
Terrais et travaux, ENS Paris-Saclay, 2018/2 No 33, pp. 153-174

 

3. Les stratégies de coping

Les « stratégies relationnelles » font partie d’un ensemble de ressources que l’on dénomme « coping », du verbe anglais « to cope » qui signifie « surmonter, faire face ». Ainsi, les stratégies de coping sont les comportements qu’adoptent les individus pour faire face aux situations qu’ils rencontrent.

 

Les stresseurs font référence aux évènements extérieurs qui mettent une pression atypique sur un individu. En réaction à ce stress, l’individu peut mettre en place des stratégies pour le surmonter.

 

On distingue les stratégies positives, dans le sens où elles sont généralement adaptatives et sont efficaces pour surmonter le stress.

 

Par exemple, un patient ayant été hospitalisé dans le service de réanimation et qui a frôlé la mort vit cette expérience comme une leçon de vie lui ayant permis de revenir aux choses essentielles de son existence. Il demande sa compagne en mariage à sa sortie d’hospitalisation. C’est une réévaluation positive de son expérience.

 

Au contraire, les stratégies négatives sont faiblement adaptatives et se montrent peu efficaces face au stress, ou alors elles peuvent être protectrices durant une certaine période puis deviennent des freins à l’adaptation.

 

Figure 1 : Representation of the sociodemographic and academic factors that contribute toward the use of coping strategies; https://doi.org/10.1590/0034-7167.2015680503i ; Coping strategies of nursing students for dealing with university stress; Hirsch et al. 2015 (les blocs bleu clair ont été ajoutés par le RESSPIR)

 

Par exemple, une personne peut nier la souffrance qu’elle éprouve à la mort de son conjoint et se jeter à corps perdu dans son activité professionnelle. On peut trouver ici 2 stratégies de coping : le déni (de sa souffrance) et la distraction par le travail. Ces stratégies peuvent se révéler efficaces dans un premier temps pour faire face au stress engendré par la perte d’un proche. Mais à plus long terme, ces stratégies peuvent se révéler inefficaces si la personne s’épuise, ou bien si le travail n’apporte pas les satisfactions compensatrices escomptées.

4. Le coping religieux/spirituel positif

Parmi ces stratégies de coping, il existe des stratégies qui relèvent de la dimension spirituelle, c’est-à-dire que les individus vont puiser dans leur spiritualité pour faire face aux épreuves. On parle alors de « coping spirituel ». Lorsque l’individu est religieux, il peut puiser des ressources dans sa religion : c’est le « coping religieux ».

 

 

« L’usage de croyances et de comportements religieux afin de prévenir
ou alléger les conséquences émotionnelles négatives relatives
à des situations de vie stressantes » (Koenig et al., 1998).

 

 

 

Le Professeur de psychologie de la religion, Pierre-Yves Brandt (Université de Lausanne, Suisse) aborde pour nous le coping religieux.

 

 

Selon vous coping

5. Le coping religieux/spirituel négatif

Victoria fait preuve d’un coping religieux positif, mais ce coping religieux/spirituel peut parfois s’avérer négatif, dans le sens où, non seulement il n’aide pas la personne à faire face, mais il peut engendrer davantage de souffrance.

 

Vignette clinique n°2 : Immaculata

 

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