d. Transculturalité

Introduction

En latin le préfixe « trans » veut dire « au-delà de, dépasser ». La transculturalité va encore plus loin, elle implique un échange plus profond et un accueil plus déterminant en soi de ce que l’autre, différent, nous évoque et convoque en nous. Ces échanges transforment et fécondent réciproquement les personnes, les cultures. Plus qu’un échange qui permet de mieux se respecter dans nos différences et de préserver nos identités, la transculturalité nous amène à un changement, à un enrichissement : on sera différent après, il y aura eu une plus-value par la relation vécue. Un métissage se dessine petit-à-petit et nous amène à être plus que ce que l’on était. Dans ce schéma, il n’y a plus de coquille autour des ronds : une perméabilité plus importante permet le métissage; des éléments de la culture de l’autre sont intégrés dans notre propre rond (couleur de soi et des autres dans chaque rond mais aussi dans l’espace. Avec des compétences transculturelles, les soignant∙es s’ouvrent au monde des autres, non seulement pour les comprendre et être bien compris mais aussi pour apprendre. C’est ainsi qu’on peut dire que comprendre (donc apprendre) transforme: modifications des représentations, des modes de pensée et comportements de chacun. Cela passe par un temps de confrontation – donc des tensions intérieures ou extérieures (avec les membres d’une équipe ou avec les patient∙es) qui sont à considérer comme des moteurs d’évolution dans cette optique transculturelle.

La transculturalité, qu'est-ce que c'est ?

La transculturalité est une manière de considérer soi-même et les autres comme des porteurs de richesses à partager pour s’enrichir mutuellement. Il y a dans cette optique moins de peur et de cloisons entre les différents cercles qui représentent les cultures. Les échanges sont moins « sécurisés » par le fait de vouloir rester soi-même ou préserver la culture du lieu. Les échanges deviennent plus fluides et mènent à un métissage de soi-même, de l’autre et qui peut influencer la culture même dans l’espace du soin.

Un élément culturel n’est pas l’apanage d’une culture mais peut traverser les cultures; nous voyons combien par exemple en temps de pandémie du COVID 19, la toilette mortuaire, les soins aux corps morts, sont des fondamentaux violemment malmenés quelle que soit la religion (et l’a-religion, la culture). Avec une diversité très marquée, cet élément anthropologique traverse les cultures dans un foisonnement de formes qui nous enrichit et nous lie très fortement dans notre humanité partagée.

 

Martin dans un rapport transculturel avec la famille de son patient

chap 2.3 transcult par RESSPIR

En résumé...

En résumé, Martin se laisse déplacer dans sa perception du prendre soin pour son patient et ses proches. Cela lui permet de parler ouvertement avec eux des besoins et des attentes qu’ils ont. Martin non seulement repart avec beaucoup d’informations essentielles à la suite de suivi, ainsi qu’une bonne relation de confiance (alliance thérapeutique), mais il repart marqué par la reconnaissance de ce patient envers sa famille et sa communauté, il a compris le centre de leur préoccupation : la force pendant ce « combat ». Martin se laisse imprégner par ce mouvement (force intérieure) pour ce qu’il va lui-même proposer dans ses soins et se met ainsi en résonance avec eux.

3 points d'attention

1. Méta-communiquer sur sa propre position culturelle

Martin prend soin d’expliquer sa manière d’envisager le soin. Il peut aussi à cette occasion parler de ses propres besoins, par exemple, pour qu’il puisse faire son travail de la façon la plus optimale.
En effet, c’est une occasion pour la famille et le patient de mieux saisir la culture de Martin, occasion pour eux de partager ses habitudes et manières de voir les choses. Cela pourrait par exemple se faire lorsqu’ils partagent le thé et leurs biscuits avec Martin.

2. Proposer d’entrer dans une dynamique inter- ou trans-culturelle aux patients ou aux proches

Cela peut s’avérer une vraie richesse : sans obligation, cela peut se présenter comme une invitation pour, s’ils le souhaitent, entrer dans le monde de Martin. La dynamique inter et trans-culturelle peut être réciproque.

3. Décentrage et recentrage

On parle beaucoup de décentrage, c’est-à-dire d’être capable de percevoir, comprendre, ce que l’autre vit et sa conception du monde et du soin. C’est un mouvement essentiel schématisé par le regard ici qui essaie de capter un peu mieux comment l’autre voit les choses :

Source : Forum Med Suisse, 2010;10(5):79, Compétences cliniques transculturelles et pratique médicale, Quels besoins, quels outils, quel impact?, Fabrice Althaus, Patricia Hudelson,Dagmar Domenig, Alexander R. Green, Patrick Bodenmann

Il y a deux efforts :

  • le premier : de décentrement, dont nous venons de parler,
  • le deuxième : de recentrement, qui est tout aussi important, qui me ramène à conscientiser la position dans laquelle je me trouve. L’analyse de ma propre culture et de ce qu’elle m’apporte, est fondamentale. Elle permet de savoir où l’on se situe et à partir d’où on regarde avant de se décentrer.

Décentrer – recentrer -décentrer- recentrer …. C’est le mouvement qui vous est proposé pour pouvoir soutenir autrui, en prenant appui sur vos ressources, tout en les enrichissant.

Pour voir le tableau de synthèse sur les différents rapports à la culture, cliquez sur l’image ci-contre.

Pour retourner au début du cours et voir un autre chapitre, cliquez ici.

Et vous?

Seriez-vous à l’aise et prêts à vous situer dans une posture transculturelle?
Êtes-vous confortable avec cela ?
Quelles seraient vos craintes ?
Partagez-nous vos expériences.
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