Chapitre 1A : Représentations

Introduction

Visiter nos représentations, préjugés et stéréotypes

 

Dans ce chapitre vous pourrez explorer vos représentations, stéréotypes, celles des personnes dont vous prenez soin mais aussi comprendre à quoi servent les représentations et comment les utiliser, les dépasser, les enrichir pour être au plus proche de la réalité.

Ensuite, vous pourrez vous exercer en explorant votre propre transreligiosité/culturalité et repartirez avec 2 questions essentielles à garder toujours « dans la poche » lors de rencontres déroutantes pour pouvoir aller au-delà des représentations.

1. Représentations spirituelles

Commençons par lire quelques exemples de représentations fréquemment entendues concernant des personnes migrantes (cliquez sur les images pour voir le contenu).

 

Cliquez ici pour télécharger la version pdf

 

Voyons maintenant des exemples de représentations que les personnes migrantes peuvent avoir des personnes qui les soignent ou les accueillent. (cliquez sur les images pour voir le contenu).

Cliquez ici pour télécharger la version pdf

 

2. Ça sert à quoi ?

Dans la culture populaire, on entend souvent dire qu’il faut lutter contre les fausses représentations !

En fait, les représentations nous sont très utiles pour nous aider à appréhender le monde et les autres, mais il faut en effet lutter contre notre prétention à considérer le monde selon nos seules représentations. Il est nécessaire de les identifier dans un premier temps, de les dé-construire et re-construire dans un processus permanent qui nous fait changer de niveau de représentation. Le but est d’être au plus proche de la réalité mais celle-ci ne se laisse jamais complètement saisir, telle une énigme dont on s’approche de plus en plus du but sans pour autant complètement la résoudre.

« Une représentation sociale est un processus cognitif permettant à un individu d’appréhender les aspects du quotidien sur la base d’un ensemble d’informations qui lui sont propres ou qui appartiennent au groupe social de cet individu (attitudes, opinions, croyances, valeurs, idéologies…). L’objectif est de rendre  « l’étrange plus familier, l’inconnu connu ».

 

Sources : Lo Monaco G, Lheureux F. Représentation sociale : théorie du noyau central et méthodes d’étude. Revue électronique de psychologie sociale 2007 ; 1 : 55-64

 

 

3. Exercice

Nous vous invitons à voir cette simulation et choisir l’option préférentielle pour résoudre le problème dans cette relation soignant‧e/soigné‧e. Vous explorerez les représentations des soignant‧es envers une patiente marocaine qu’ils n’arrivent pas à comprendre. Comment selon vous auraient-ils pu plus facilement changer de niveau de représentation?

 

4. Enrichissez vos représentations!

Comme vous avez pu le voir dans l’animation, le maître-mot est ENRICHISSEZ-VOUS! C’est une responsabilité pour toutes les personnes qui ont à accompagner des personnes fragilisées par la migration.

Dans cette optique, nous proposons d’approfondir les représentations derrière chacun de ces mots : migration, spiritualité et santé.

 

Pour vous enrichir :

a. regardez les vidéos sur la migration

b. faites les exercices « spiritualité et/ou religion »

c. imprimez les fiches sur la santé dans divers courants religieux (par exemple en les laissant aussi à disposition de vos collègues).

 

a. Représentation sur la Migration

 

b. Représentation sur la Spiritualité/religion

Pour ce qui est des représentations sur la spiritualité, nous vous invitons à parcourir les 2 premières diapositives du module de sensibilisation « Articulation entre spiritualité et religion »

 

c. Représentation sur la Santé

 

5. Que faire ? Attitude et exploration  

Comment aller à la rencontre de l’autre pour le rencontrer dans sa singularité ?

Nous l’avons vu, il est important d’une part d’enrichir ses représentations pour nous ouvrir à des possibilités de penser, à des mondes intérieurs différents. D’autre part, il est tout aussi important de développer des compétences pour s’enquérir de la spiritualité de la personne dont nous prenons soin et de vérifier pour lui/elle ce qui est essentiel.

Nous vous proposons de découvrir des moyens pour soutenir la conversation et le repérage de la spiritualité dans la vie des personnes.

 

Ces outils vont vous permettre de :

  • mieux observer,
  • poser des questions,
  • cultiver un esprit d’ouverture pour se rapprocher de la réalité d’autrui, particulièrement en ce qui concerne les aspects spirituels.

C’est une sécurité contre les interprétations hâtives et les projections.

 

Ils ont comme objectif second d’aider à communiquer à ses collègues ou à l’entourage de la personne soignée, les aspects spirituels en question en trouvant mieux les mots, les concepts qui sont en jeu. Ils supposent une attitude fondamentale qui s’apprend elle aussi.

 Le soignant ou l’aidant essaie d’appréhender ce qui est du « même » et du « tout autre », en faisant parfois le grand écart. Le « même » de la condition humaine partagée – nous vivons tous l’impuissance, la finitude, la souffrance –   et le « tout autre » dans la manière de l’appréhender : autant de manières d’envisager la vie, le sens, l’épreuve de la maladie et les ressources pour y faire face.

 

 

Une interview du Dr Bodenmann vient apporter un autre regard et une pratique sensible pour ces questions d’exploration : il propose d’oser cette exploration, mais avec sensibilité et non sans prendre des précautions.

En l’occurrence il demande une permission pour aborder ce thème, ce qui rejoint les précautions de K.S.Barss dans la présentation qui propose d’abord une question fermée.

« Je me permets de vous poser une question (par exemple) sur votre religion : est-ce que vous êtes d’accord qu’on en parle? » (Prof. P.Bodenmann dans son interview)

 

 

Dr Patrick Bodenmann est professeur associé et titulaire de la Chaire de médecine des populations vulnérables de l’Université de Lausanne, ainsi que chef du Département Vulnérabilités et médecine sociale à Unisanté.

 

6. Interview

Nous avons interviewé pour ce cours le Dr Javier Sanchis Zozaya, psychiatre, Coordinateur cantonal Santé Mentale Migrant‧e‧s en situation de Précarité au CHUV de Lausanne (Suisse). Il aborde plusieurs thèmes liés à la spiritualité, la transculturalité, la manière de vivre l’impuissance…
Cliquez sur une question pour arriver directement à la vidéo correspondante :

 

 

Pour aller plus loin, nous vous encourageons à parcourir :

  • son ouvrage « J’ai peur de les oublier » dans lequel il aborde les deuils et les pertes innombrables de jeunes migrant‧es en demande d’asile;
  • un article consacré à l’évocation avec ses patients de leurs représentations de la psychiatrie et de la santé.

 

 Cliquez sur les 2 petites flèches pour agrandir

7. Entraînement

Exercice d’appropriation des outils d' »anamnèse spirituelle »

 

Nous vous encourageons vivement à pratiquer le HOPE, le SPIR ou le TRUST à deux, en choisissant une personne dans votre entourage professionnel ou personnel. Vous devez prévoir pour cela entre 20 et 30 minutes max. pour faire le questionnaire sans se presser. Une fois vous posez les questions, une fois vous y répondez (peu importe dans quel ordre). Puis vous pouvez répondre aux questions suivantes :

  1. Comment était-ce pour vous de poser ces questions ? Comment était-ce pour vous de répondre à ces questions?
  2. Comme évaluez-vous les réponses qui vous ont été faites : avez-vous été surpris‧e ? avez-vous appris quelque chose sur la personne à qui vous avez posé les questions ?
  3. Imaginez-vous pouvoir utiliser ces outils d’exploration dans les soins avec une personne d’une toute autre culture ? dans quelles circonstances ? Comment l’adapteriez-vous à votre contexte?

Télécharger les outils HOPE et SPIR

Télécharger l’outil TRUST

Vous retrouverez un autre modèle plus englobant, le 2Q-SAM, dans le dernier bloc en bas de cette page.

 

 

8. Vice versa

cliquez sur les flèches pour faire défiler les 4 dias

9. Les risques de l'exploration

Poser des questions peut être aussi essentiel et décisif qu’intrusif et violent parce que :

  • La relation de confiance n’est pas toujours possible dans un laps de temps court.
  • Les personnes migrantes ont dû raconter leur « histoire » à maintes et maintes reprises et ce, en fonction d’objectifs différents. De la lassitude, de la méfiance, de l’énervement, etc. peuvent s’installer.
  • Ils ou elles ont peut-être été instrumentalisé‧es par le passé au travers de leur récit de vie.

Ci-dessous, nous vous proposons une réflexion sur l’identité et la violence de certaines questions concernant le sentiment d’appartenance et le « choix » des identités.

 

Parfois nous demandons, partant d’une bonne intention, comment les personnes se situent par rapport à telle ou telle appartenance.

Cette question peut être violente, découvrez ce qu’Amin Maalouf en dit dans « Les identités meurtrières » : Extrait choisi des pp. 31 à 46 (ch. 3 et 4), éd. Grasset & Fasquelle, coll. Livre de poche, 1998.

 

 

10. Deux questions en poche

Télécharger le modèle 2Q-SAM (présentation en anglais – pdf)

Que pensez-vous de ces deux questions émises par le groupe EPICC (pour l’encouragement dans les formations en santé de la prise en compte de la spiritualité)?

  • Pour vous maintenant, qu’est-ce qui est le plus important ?
  • Que puis-je faire pour vous aider ?

Les trouvez-vous pertinentes ? trop simplistes?

2Q-SAM

Après avoir utilisé les questionnaires présentés plus haut en exercice (TRUST, HOPE, SPIR, etc..) et celui-ci,  mais aussi après avoir écouté l’interview du Dr Bodenman : comment vous situez-vous par rapport à ces questions d’exploration?

Et vous, avec quelles questions essentielles repartez-vous pour, lorsque cela s’avérera adéquat, explorer la spiritualité de la personne dont vous prendrez soin? Partagez-nous celles-ci pour stimuler ceux et celles qui vous liront.

Quelles sont les précautions que vous prendriez?

 

memo-chap1