Vulnérabilité

« Le terme vient du latin vulnus, « blessure ». Un être vulnérable peut être facilement blessé et il ne peut se défendre seul. C’est sur cette fragilité psychique ou physique que le droit insiste lorsqu’il parle des « personnes vulnérables ». Mais la vulnérabilité ne se limite pas à la situation de ces populations ; elle définit un des éléments de notre condition humaine. Chacun d’entre nous dépend des autres physiquement et psychiquement, a besoin de soins, d’affection et de reconnaissance. Autrement dit, entre les personnes en situation de handicap et nous, il existe une différence de degré et non de nature. La vulnérabilité est universelle.

 

Toutefois, elle ne se réduit pas à la fragilité. Elle est aussi une force car elle désigne la capacité à être touché par autrui. Seule une personne qui peut être blessée est capable de s’ouvrir aux autres, d’être concernée par leur sort, et pas seulement par le sien. Enfin, quand on parle d’une personne en situation de dépendance, il faut toujours être attentif à ses capacités, aux promesses de vie demeurées intactes malgré le handicap : le désir de vivre, le jeu, l’humour, la créativité, la capacité d’interagir avec les autres, le rapport aux animaux. C’est pourquoi il importe de ne pas l’enfermer dans le soin mais de la solliciter, de lui donner le droit d’interroger le monde et même de le bousculer. »

 

Extrait de « La vulnérabilité est universelle », entretien de Corine Pelluchon par Béatrice Bouniol, dans La Croix, 3 mai 2018, p. 20.