Besoins ou désirs spirituels ?

Proposé par

Eckhard Frick : extraits du livre « Besoins spirituels, Soins, désirs, responsabilités », Dominique Jacquemin (dir.), Lumen Vitae, Namur, 2016, 85p.

« La notion de « besoins spirituels », tant connue surtout sous sa représentation anglo-saxonne de spirituel need(s) est bel et bien une formule paradoxale. Il n’y a pas, à proprement parler, nous dit Pierre-Yves Brandt dans ce livre, de besoins spirituels :

La spiritualité propose un supplément de sens à l’expérience des besoins. La spiritualité les situe dans une relation vitale à une réalité autre que celle immédiatement éprouvée dans l’expérience des besoins.

Besoin

Le mot « besoin » est dérivé du francique bisunni. Ce qui frappe c’est comment le « soin » (formé sur le francique sunnja « le souci ») devient be-soins. Le préfixe bi- a d’abord exprimé la proximité et a fini par être un moyen pour renforcer le sens du mot. Il exprime l’idée de « nécessité, exigence en général ».

Désir

Le mot « désir » vient du latin desiderare, regretter l’absence de quelqu’un ou quelque chose, de sidus, « constellation, étoile ». Dans la langue et l’expérience des augures, paysans, marins, il signifie : constater l’absence d’un astre, donc aussi déception et regret. A la différence de desiderare, considerare veut dire : constater une présence « examiner attentivement »… Le spirituel, quête du sacré et du transcendant, relève du désir. Il regrette les astres d’en haut, il dépasse les limites considérées par la science. « Le Désirable ne comble pas mon Désir, mais le creuse, me nourrissant en quelque manière de nouvelles faims »

Pour aller plus loin

Besoins spirituels, Soins, désir, responsabilités, Dominique Jacquemin (dir.), Lumen Vitae, Namur, 2016, 85p.

Le temps du désir, Denis Vasse, Le Seuil, Paris, 1969, 170p.