Colloque au Centre Sèvres (Paris, février 2018)

Du 15 au 17 février 2018 s’est tenu le colloque de lancement du Réseau Santé, Soins et Spiritualités, co-organisé avec le Centre Sèvres, à Paris, ayant pour thème la spiritualité dans les soins. Pour ceux et celles qui souhaitent voir ou revoir les conférences, les captations sont disponibles sur l’espace-membre (en totalité) et sur la page Facebook du RESSPIR (extraits).

 


Le journal La Croix a été réalisé une interview d’Eckhard Frick en lien avec le colloque. Découvrez la totalité de l’article ici.


 

La première soirée était consacrée à la place de la spiritualité dans les soins dans les différents contextes de laïcité.

 

Après l’intervention du P. Bruno Saintôt sur la laïcité et la place de la spiritualité dans les soins en France, puis une introduction sur le fonctionnement et les buts du Réseau, les participants ont pu visionner une téléconférence du professeur Guy Jobin sur « le nouvel intérêt pour la question spirituelle dans les soins : un symptôme ? ». A l’issue de la conférence, le professeur Guy Jobin s’est rendu présent par Skype afin de répondre aux questions du public. Les questions posées ont porté sur les relations nouvelles des individus contemporains à la santé, santé vue comme un nouveau « salut ». D’autres questions ont permis d’amener le débat sur les limites de l’éthique : l’intérêt pour la question de la spiritualité aujourd’hui est-elle un symptôme d’un échec de l’éthique bio-médicale ?

La journée du vendredi était consacrée aux expériences dans les institutions de soins. Le premier atelier commun nous a emmenés dans les murs de l’hôpital Saint-Louis à l’Espace Éthique de la région Île de France. Il a été l’occasion d’une réflexion sur les considérations éthiques en lien avec la spiritualité dans les soins à domicile et dans les soins en institution. A partir des deux chartes réalisées par l’Espace Éthique, l’une pour les réseaux de soins à domicile et l’autre pour l’hôpital, les participants ont pu travailler la notion de laïcité dans ces deux contextes.

L’après-midi, deux ateliers étaient proposés simultanément. Le premier avait lieu à la Maison Médicale Jeanne Garnier (Unité de soins palliatifs), en présence d’un médecin, d’une aide-soignante, d’un cadre infirmier, d’une responsable de l’aumônerie et de deux psychologues. Les participants ont bénéficié d’une présentation de l’histoire de la Maison et de son impact sur l’accompagnement de la personne soignée. Le travail de l’équipe pluridisciplinaire se base sur une charte qui ne requiert pas seulement des compétences techniques mais aussi un supplément d’âme, qui se traduit par la qualité de présence et d’écoute au patient.

 

Le deuxième atelier s’est déroulé au Centre médico-social de la Fondation Saint Jean de Dieu. L’originalité de cette discussion résidait dans la présence de plusieurs intervenants : un résident du CMS, qui a pu partager sa réalité, sa réflexion philosophique au-delà des lignes directrices de l’institution, le responsable de la Pastorale et des bénévoles de l’équipe pastorale et la directrice du Centre.

En fin de journée, lors de la reprise thématique, les participants se sont beaucoup investis pour faire remonter ce qu’ils avaient pu glaner dans les différents ateliers. Ils ont ainsi pu tisser la problématique ensemble. Nous espérons continuer à affiner cette problématique via le forum des membres où nous transcrirons ce qu’ils ont retenu des différents ateliers.

 

C’est durant la soirée qu’a été jouée la création théâtrale, De l’autre côté du silence. Cela a permis de travailler la thématique différemment, en se basant sur les personnages et leurs émotions. Durant la matinée, les participants avaient été filmés dans les jardins de l’hôpital Saint-Louis, répondant à la même question que les comédiennes : « face à l’impuissance, comment croire ? ». Ces insertions durant la pièce d’une part et les questions qu’ils ont pu poser aux comédiennes d’autre part, ont fait entrer les participants dans l’histoire et le questionnement que portait la pièce de Laurent Bouchain, une création originale réalisée pour ce colloque.

Le samedi matin, après une première partie consacrée à la synthèse des ateliers de la veille, le professeur Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace Éthique, a proposé une relecture de son expérience au sein de l’Espace Éthique de la région Île de France. Il nous a partagé sa réflexion autour du soin comme « valeur de la République ». L’intervention du professeur Jean-Philippe Cobbaut était, quant à elle, centrée sur le défi de la démocratie quand on l’aborde par le soin et la question de la spiritualité au sein du prendre soin. Madame Corinne Bébin, adjointe à la mairie de Versailles aux affaires sociales et sanitaires, responsable du réseau INTELLI’CURE (réseau de soins et de recherche sur la déficience intellectuelle, à l’origine du DIU Déficience intellectuelle – Handicap mental) nous a introduit à son travail de discernement lorsque, en prise avec des décisions politiques au fort impact sociétal, elle se devait de trouver des réponses pour les citoyens de sa mairie. A défaut de trouver les « bonnes » réponses, nous avons partagé ses questions et la manière de se les poser, les points d’appui pour discerner pour le plus grand nombre.

En définitive, les participants ont entamé leur réflexion sur la spiritualité dans le soin de façon conceptuelle lors de la conférence d’ouverture et l’ont prolongée en se plongeant dans les défis de la pratique au cours des ateliers. Ils ont pu emprunter un chemin poétique pendant la pièce de théâtre et ont clôturé leur questionnement à travers la dimension politique qui les a renvoyés à leur propre responsabilité dans un état démocratique.

 

L’évaluation du colloque nous montre que bien des questions devront prendre le temps d’être débattues et approfondies dans des propositions ultérieures. Les participants ont exprimé vouloir de plus nombreux moments de partages entre eux afin de débattre dans le concret de leurs pratiques. Espérons que cette mise en réseau permette ces débats et soutienne les partenaires locaux à continuer la réflexion et l’écoute des pratiques.