Le scandale du mal et de la souffrance chez Maurice Zundel

François Rouiller, Saint-Maurice, Edition Saint-Augustin, 2002, 253 p.

Face aux interrogations, aux doutes, aux révoltes, au scandale que suscitent partout le mal et la souffrance, les chrétiens sont mis en demeure de répondre :  » Qui donc est ce Dieu d’amour, ce Dieu tout-puissant qui permet cela ?  » En dialogue permanent avec ses contemporains et la culture de son temps, Maurice Zundel n’a pas éludé la question. Il nous ouvre même une voie de réponse crédible et originale, qui bouleverse les schémas. Dieu n’est pas le tout-puissant que l’on croit. Il est Trinité, amour, donc gratuité, dépossession et pauvreté. Il peut tout ce que peut l’amour, mais il ne peut rien là où l’amour est en échec, là où manque la réponse qui ferme  » l’anneau d’or des fiançailles éternelles « . Or, parce que l’homme n’est pas, n’est plus réponse de liberté, cette circulation d’amour est brisée, et toute la création est entraînée dans la dysharmonie et la souffrance. Alors, solidaire de cette création par toute sa nature, l’homme subit avec elle le scandale de la mort, de la maladie, de la méchanceté de l’homme pour l’homme. Et Dieu ne peut rien. Plus encore : il souffre, avec nous, en avant de nous, plus que nous. Audacieuse intuition de Zundel : Dieu est la Victime, à l’image du Christ mis en croix par les hommes. Impossible face à la Croix d’imaginer un Dieu lointain, justicier sans coeur, impassible toute-puissance. Sur le Bois, Dieu donne la seule réponse qu’il soit décemment possible d’entendre : la souffrance, il ne la veut pas, il ne la permet même pas, mais il en meurt, par amour. Alors Dieu n’est plus du côté de l’accusé : en tout mal et en toute souffrance, c’est lui qu’il faut sauver. Nous sommes responsables de Dieu.