Laïcisation et sécularisation

« Distinguer deux concepts permet de circonscrire, de façon idéal-typique, deux processus qui peuvent s’interpénétrer mais qui n’ont pas forcément la même logique : la sécularisation désigne le processus social, culturel et symbolique au cours du quel, le rôle social de la religion, en tant que cadre normatif, décline, se transforme, se décompose et se recompose. La religion peut rester pertinente pour des individus et des groupes. Elle n’impose plus ses normes à l’ensemble de la société. Les représentations sociales dominantes ont été soustraites à leur imprégnation religieuse par le jeu complexe de la dynamique sociale ; c’est pourquoi, tendanciellement, la sécularisation est effectivement « latente », c’est en général un effet « non voulu » (au sens de Max Weber) de changements sociaux. La laïcisation désigne un processus qui « introduit dans le politique une mise à distance institutionnelle de la religion dans la régulation globale de la société, notamment en contexte pluraliste » (M. Milot). L’aspect non religieux de cette régulation se traduit notamment dans la dissociation du système juridique étatique (et maintenant des conventions internationales) et, d’autre part, des normes religieuses. Le processus de laïcisation réaménage les rapports de l’Etat et des religions et, idéal-typiquement, autonomise et le pouvoir politique à l’égard de la religion et l’autorité religieuse à l’égard du politique. »

Par Jean Baubérot, Ecole Pratique des Hautes Etudes. Groupe Sociétés, Religions, Laïcités.

utcp.c.u-tokyo.ac.jp/publications/pdf/UTCPBooklet7_011-025_.pdf; p.18, consulté le 21.7.2017.