Agenda > Fin de vie et paroles… Quels défis pour quels sujets?

10/10/2017 - 9h00 > 16h30

Faculté de Théologie, Université Catholique de Louvain

 

Jérôme ALRIC, Docteur en psychopathologie, psychologue, psychanalyste, exerce dans le département des soins palliatifs, du CHRU de Montpellier. Il est chargé d’enseignement à l’université Montpellier I, II, Nîmes-Vauban et Paris Diderot et est membre fondateur d’Espace analytique Languedoc.

 

La journée s’axera autour d’un questionnement transversal : quel rôle une médecine objectivante et parfois excessive dans ses propositions « thérapeutiques » fait-elle jouer au support psychique de la personne en situation de maladie grave ou de fin de vie ? Les « psys » ne seraient-ils pas instrumentalisés pour un autre mandat que le soutien aux subjectivités souffrantes, celles des patients, de leur entourage ou des soignants ? Cette double question ouvre ainsi à une épistémologie, une opérativité de la médecine contemporaine questionnée par cet ouvrage.

Il importe de prendre acte que le soutien naturel de l’entourage du patient se trouve de plus en plus professionnalisé suite à l’incurie de nos contemporains à se faire proches de la mort, au risque de faire de l’advenue de la mort un temps psychique à traiter comme une « maladie » (protocole psychique, pathologisation possible du deuil, sédation, antidépresseurs…). Dans semblable contexte, il est loisible de se demander quelle épaisseur de parole se trouve ouverte, et de la part de qui ? De parole subjective à laisser émerger en son temps, elle risque de devenir un outil de plus en plus instrumentalisé pour une autre cause qu’elle-même : rendre l’échec thérapeutique soutenable, vérifier la compréhension, le refus de traitement, et tant d’autres attitudes du patient qui, au fond, met à mal la médecine et les professionnels dans leurs propres visées. Mais alors, de qui est-il fondamentalement question : du soutien du patient ou de la médecine elle-même ? C’est en ce sens que Jérôme Alric se demande avec pertinence si l’approche de la fin de vie ne doit pas être radicalement questionnée : est-il question de « faire cheminer » le malade ou, fondamentalement, de le « laisser tranquille » ? Enjeu éthique central que celui de la remise au centre de la personne en fin de vie où ce ne sont plus des visées et normes du « bien mourir » – les nôtres pour notre propre paix – qu’il importerait de faire advenir mais de concéder à une présence disponible, ouverte au rythme temporel et psychique de la personne elle-même.

Voir aussi les livres « Rester vivant avec la maladie, Clinique psychanalytique en cancérologie et en soins palliatifs »; « Fin de vie et psychanalyse, menace de disparition et relance désirante »; « La mort ne s’affronte pas! »